Abattre un orignal représente un défi et demande généralement des efforts au chasseur pour atteindre son but. Une fois que le gibier « est à terre », le plaisir de la chasse laisse la place au « vrai travail » : celui d’éviscérer l’animal et de le ramener à bon port. Cette dernière tâche peut s’avérer très pénible lorsqu’il faut remonter notre récolte du fond d’une « coulée » située entre deux montagnes. Le présent article explique comment utiliser une méthode efficace, facile et sécuritaire pour effectuer cette tâche.
Ce n’est pas tout le monde qui peut fournir plusieurs centaines de dollars pour acheter un treuil mécanique portatif monté sur scie mécanique par exemple, pour déplacer aisément le gibier qui gît au sol. D’ailleurs, dans notre groupe de chasseurs nous ne disposons pas de cet équipement. Dans notre équipe, nous « sortons » nos orignaux de la forêt avec des véhicules tout terrain (VTT). Cependant, transporter un orignal dans une pente escarpée avec un ou plusieurs VTT peut s’avérer une tâche extrêmement difficile, parfois même dangereuse, puisque les roues du VTT creusent généralement dans la terre noire. Sans oublier que le devant du véhicule se soulève du sol en raison de la charge qu’il tire dans la pente, risquant ainsi de basculer et de blesser le conducteur.
Notre groupe utilise toute la puissance des VTT de manière à ce que les roues des véhicules ne creusent pas dans le sol et aussi de façon à ce que les VTT ne cherchent pas à basculer. Cette méthode nous a été salutaire pour « remonter » un orignal de 62 pouces et quart de panache dans un flanc très escarpé de montagne. Puis, l’année dernière nous avons réutilisé le même stratagème pour braver une autre pente afin de transporter un orignal de 50 pouces de panache qui avait été abattu dans une « coulée ».
Cette technique est accessible pour plusieurs groupes de chasseurs puisque tous possèdent à peu près un ou plusieurs VTT. Pour utiliser la technique, il faut : 2 VTT, une scie mécanique, deux poulies, un câble de ¾ ou 1’’ de diamètre x 50 à 100 pieds de longueur, 2 cordes d’un ¼ de pouces de diamètre x 20 pieds de longueur et une paire de gants.
Le groupe de travail doit être composé d’au moins 4 personnes : celui dans le haut de la pente que nous appellerons le 1er homme, celui dans le bas de la pente que nous appellerons le 2e homme et les 2 conducteurs de VTT.
Pour la première étape, le groupe utilise la scie mécanique pour dégager un sentier de 5 pieds de large dans la pente menant à l’orignal. Avant de débuter, il est préférable de cibler un passage avec le moins d’arbres possible par respect pour la nature et pour sauver du temps et de l’énergie.
Ensuite, la seconde étape consiste à attacher solidement la tête de l’orignal, soit par le cou ou par le panache, avec le câble de 1 pouce de diamètre. Par après, il est essentiel de faire une « loupe » avec le câble autour du museau de la bête. Cette « loupe » a pour but de s’assurer que le museau se soulève du sol au moment où le câble va se tendre, évitant ainsi que la mâchoire du cervidé ne s’enfonce dans le sol.
Pour la troisième étape, il faut que le 1er homme prenne le câble et le déroule sur toute sa longueur en remontant le sentier. Puis, il revient sur ses pas avec le câble jusqu’à ce qu’il identifie un arbre solide qui lui permettra d’attacher la première poulie. Au moment de choisir l’arbre, le 1er homme doit figurer qu’il devra disposer d’un minimum de 10 pieds de bout de câble une fois qu’il sera introduit dans la poulie.
La quatrième étape consiste à installer la 1re poulie sur cet arbre à environ 3 pieds de hauteur. Le 1er homme attache la poulie au moyen d’une corde d’un ¼ de pouces de diamètre en effectuant plusieurs fois le tour de l’arbre avec la corde. Puis, l’homme insère le bout du câble dans la poulie et redescend avec l’extrémité jusqu’à ce que le câble soit tendu.
La trajectoire du câble tendu permet au 2e homme, situé au bas de la pente, d’identifier l’arbre où attacher la seconde poulie. L’homme choisit un arbre qui permet à la poulie de servir de guide, c’est-à-dire qu’elle doit permettre de diriger la bête dans son ascension pour s’assurer qu’elle suive le sentier et évite les obstacles. Le 2e homme attache solidement la poulie sur l’arbre à 5-6 pieds de hauteur avec le dernier bout de corde. Cette seconde poulie permettra aussi à la tête de l’orignal de se soulever durant la montée pour faciliter son ascension.
C’est à cette étape que les VTT entrent en jeu. Le premier conducteur descend la pente avec le VTT et s’arrêtera à 6-7 pieds plus loin que le bout du câble. Tandis que l’autre chauffeur descendra le second VTT et s’arrêtera à 6-7 pieds avant la fin du câble. Les deux véhicules sont maintenant stationnés et orientés vers le bas de la pente à une distance d’une douzaine de pieds l’un de l’autre. Les conducteurs doivent toujours demeurer aux commandes de leur véhicule pour s’assurer que les freins et l’embrayage soient bien actionnés. Le second VTT doit être muni d’un treuil et le câble d’acier et son crochet doivent être solidement fixés sur l’attache-remorque (ou ailleurs) du premier VTT. Les deux véhicules sont maintenant reliés. Le rôle des conducteurs sera de descendre les VTT tranquillement vers le bas de la pente une fois que toutes les étapes seront finalisées.
Ensuite, le 1er homme, situé dans le haut, prend l’extrémité du câble et fait 2 « loupes » autour de l’attache-remorque du second VTT. Cet homme conserve l’extrémité du câble dans ses mains qu’il aura pris soin de protéger avec des gants. Son travail consiste à tendre l’extrémité du câble pour que les « loupes » restent solidement ancrées sur l’attache-remorque. Il est inutile de faire des nœuds pour éviter de devoir les défaire et les refaire tout au long de la montée de la bête.
Une fois le câble attaché au VTT, le 1er homme qui tient l’extrémité du câble sur l’attache-remorque indique qu’il est prêt. Puis, lorsque le 2e homme, situé dans le bas de la pente, est prêt, il indique aux 2 chauffeurs d’amorcer la descente avec leur VTT dans le sentier. Les VTT tireront ainsi le câble, ce qui permettra à l’orignal d’effectuer son ascension sans aucune difficulté. Pour notre part, les VTT ne forcent aucunement puisqu’ils descendent la pente au lieu de la monter. En fait, c’est comme s’ils tiraient une plume et par conséquent, ils ne s’enlisent aucunement dans la terre noire et ne cherchent pas à basculer vers l’arrière.
Finalement, le 2e homme devra indiquer aux conducteurs de s’arrêter peu avant que l’orignal atteigne la seconde poulie durant sa montée. La seconde poulie devra être ensuite déplacée sur un arbre plus haut si c’est encore nécessaire.
Il faut que tous les membres de l’équipe fassent preuve de patience. Il peut arriver qu’il faille déplacer fréquemment les poulies et les VTT pour recommencer le stratagème, surtout dans le cas d’une pente très longue et dépendamment de la végétation et des obstacles en présence. À titre d’exemple, les VTT doivent « se reprendre » plus haut pour éviter de piétiner l’orignal qui est maintenant rendu à leurs roues. Le but est de déplacer tout « l’attirail » au fur et à mesure que la progression de l’orignal se fera vers le sommet de la pente.
Par ailleurs, l’élément le plus essentiel est sans aucun doute d’avoir une excellente communication au sein de l’équipe puisque le travail et la sécurité de l’un dépend du travail de l’autre. Il est important de crier à l’autre très fort pour se faire entendre en raison du bruit des VTT. Par exemple, si la première poulie doit être déplacée, les conducteurs doivent être avisés pour savoir où se repositionner et le 2e homme doit aussi être avisé pour déplacer la seconde poulie. L’utilisation de ¨radios-émetteurs¨ portatives peut s’avérer un avantage.
Il est également important, pour la sécurité de tous, d’envisager la trajectoire du câble si l’une des poulies devait malencontreusement lâcher. Donc, les membres de l’équipe devraient toujours se retrouver à l’extérieur de cette trajectoire fictive. La méthode est sécuritaire, mais nous ne sommes jamais trop prudents.
Cette méthode minimise l’effort physique et permet aux VTT de travailler aisément et en toute sécurité. C’est une méthode simple et efficace qui réduit l’effort physique pour déplacer le gibier et offre ainsi le plaisir de savourer davantage sa récolte. De plus, la technique permet maintenant aux membres de notre groupe de chasser davantage dans des endroits au relief plus escarpés. Pour notre groupe, cette méthode nous a permis de conserver d’excellents souvenirs : ceux d’avoir réussi à travailler en équipe pour sortir deux orignaux trophées abattus dans une « coulée ».