Vous savez, depuis maintenant plus de sept ans et des poussières, nous parcourons le Québec à la recherche de reportages originaux pour faire rêver nos lecteurs. Je sais pertinemment que ce n’est pas la première fois que je débute un article avec ce genre d’introduction. La raison est fort simple, nous sommes une équipe jeune qui n’a pas la prétention d’avoir tout vu et tout connu. Nous aimons découvrir et surtout partager la joie que nous procure « la première fois ». Nous vous transmettons le savoir et l’expérience des professionnels, de guides, des pourvoyeurs et des passionnés qui croisent notre chemin pour ainsi forger notre apprentissage et partager avec vous tous les trucs et conseils que nous captons durant notre parcours. Avec tous les gens fabuleux que j’ai eu la chance de rencontrer, je suis heureux de vous apprendre que j’ai découvert que je ne connaissais rien tellement il y a de choses à découvrir. C’est dans cette même ligne d’idée, que j’ai la joie de partager avec vous une expérience extraordinaire qui m’est arrivée dernièrement. J’ai eu la chance d’être invité par Armando Vendittozzi de Armando’s Outdoor Expeditions, à prendre part, en tant que caméraman, pour faire un film de chasse à la sauvagine avec une légende vivante du monde de la chasse, et j’ai nommé : Colorado Buck.
Entre une chasse aux canards dans les îles du lac Saint-Pierre et une expédition fructueuse de chasse à l’outarde du côté ontarien, M. Buck a eu l’amabilité de répondre à mes nombreuses questions. Ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de parler avec un vrai maniaque de chasse qui a parcouru le monde entier pour récolter pratiquement tous les animaux qui ont croisé son chemin. C’est dans cette perspective que j’ai cru bon de vous transmettre les réponses que j’ai eu le privilège d’écouter attentivement lors de mes sorties de chasse avec Colorado Buck. Voici donc en exclusivité l’interview que j’ai réalisée avec Colorado Buck.
Avant de commencer, j’aimerais remercier Colorado Buck d’avoir pris de son temps pour partager son expérience avec les lecteurs du blogue Chassomaniak.
Avec tous ces voyages de chasse autour du monde, quel a été le plus mémorable?
Hum, la question que tout le monde pose, tu sais chaque voyage de chasse est mémorable et chaque gibier capturé est un trophée, peu importe la grosseur. Tu sais ça fait plus de 30 ans que je parcours les plus beaux territoires de chasse et de pêche dans le monde et j’ai vraiment de la misère à en cibler qu’un, mais je crois qu’un des plus malades que j’ai faits, c’est en Russie, dans les montagnes, à la chasse au « Marco Polo Ram ». Mais tu sais, la chasse à l’éléphant c’était complètement dément. Juste de voir la taille de cet animal qui te regarde et qui va foncer droit sur toi, ça te glace le sang et tu t’en rappelles toute ta vie.
Wow, tu as tué un éléphant, c’est tout un gibier! Mais les éléphants ne sont pas en voie de disparition? Avec tous les mouvements écologistes qui veulent sauver ci et ça, et tous les anti-chasseurs, tu dois avoir eu du trouble à présenter cette émission à la télévision?
Non, vois-tu, avant de tuer mon éléphant, il faut savoir qu’il y a une grosse préparation derrière ce film et je ne suis pas arrivé en Afrique, en payant 25 000 $, tiré sur l’éléphant et je suis reparti. Non, si j’avais fait ça de même les gens m’en auraient voulu et je les comprends. Avant de faire ma chasse, j’ai été sur le terrain et j’ai vu ce que font les éléphants dans certains coins de pays. Tout autour de moi c’était l’apocalypse, des superficies de la grandeur de plusieurs terrains de football complètement ravagées par les éléphants. Dans certains coins de pays, oui les éléphants sont menacés, mais dans d’autres, ce sont de véritable menace, ils détruisent tout sur leur passage et ils tuent un bon nombre d’êtres humains. C’est ça que j’ai voulu montrer avec mon abatage et je crois que ceux qui ont vu mon film l’ont bien compris.
Qu’est-ce que tu as fait avec l’éléphant une fois le film terminé? Disons que ça ne se bouge pas aussi facilement qu’un chevreuil.
Lorsqu’on chasse en Afrique, c’est un autre genre de chasse, nous cherchons un trophée. Toute la viande est gardée par les habitants locaux, qui sont bien contents d’en recevoir. Pour mon éléphant, c’est dur à croire, mais il ne restait qu’une empreinte de sang dans le sable une fois que nous sommes partis. Tout a été récupéré, il ne restait rien sur place, pas même l’intérieur de l’estomac, je crois qu’ils le récupèrent et le font sécher pour en faire un combustible. C’est fou, ils ne gaspillent rien de l’animal, tout est réutilisé par les locaux. L’animal n’est pas gaspillé, au contraire il donne de la nourriture à des gens, son cuire va servir et tout ce qui constitue son corps. Mais ceux qui ne voient que la mort de l’éléphant ne peuvent pas voir autre chose. Ils se bornent à des préjugés et ça c’est mauvais.
Maintenant que tu m’as parlé de ton plus beau voyage, quel est le pire?
Dans quel sens veux-tu savoir, est-ce le pire dans le genre le plus dangereux ou le plus difficile?
Oui, dans ce sens-là, quel est le plus dangereux de tes voyages?
Tous les voyages qui se passent dans les montagnes sont les plus dangereux. À tout moment, tu peux chuter et te faire vraiment mal. Tout ce qui t’entoure est dangereux, les roches sont coupantes, elles peuvent te tomber dessus ou te faire perdre pied et débouler. Tu dois être bien préparé pour faire ce genre de chasse, car escalader une montagne c’est très physique et tu dois être entraîné pour être capable de suivre les guides. Sinon, une des choses dangereuses c’est en Afrique, le « Big 5 » qu’ils appellent. Il s’agit d’une chasse aux 5 animaux les plus dangereux d’Afrique. Soit le lion, le crocodile, l’hippopotame, le léopard et l’éléphant. C’est dangereux de chasser ces animaux, car si tu manques ton coup, ils peuvent te foncer dessus et c’est le chasseur qui devient chassé et c’est une tout autre sorte de chasse, croyez-moi. Ça me fait penser lorsque j’ai tué mon éléphant, mon hippopotame ou mon crocodile, il faut que tu sois précis avec ton tir, car souvent tu n’as qu’une zone de tir de la grosseur d’un CD, et si tu manques ton coup, l’animal fonce instinctivement sur toi et c’est très dangereux.
Ouin, le Big 5 et la chasse en montagne ce sont les plus dangereuses, où il y a le plus de risque.
À quel endroit faut-il tirer pour que ce soit mortel?
Comme l’éléphant, le crocodile ou l’hippopotame, le ‘’sweet spot’’, c’est entre les deux yeux! Il n’y a pas d’autres places. Si tu essaies de tirer comme pour un chevreuil ou un orignal, c’est toi qui vas être chassé. Il ne faut pas oublier que ces grosses bêtes tuent des gens en Afrique! Ces animaux vont te foncer droit sur toi sans hésiter. Entre les deux yeux, c’est une mort automatique et sans souffrance. En plus des risques de vous faire charger, les chances que vous perdiez votre gibier sont très élevées. Le crocodile et l’hippopotame vivent dans l’eau et s’ils sont blessés ou qu’ils ne meurent pas sur le champ, vous ne les retrouverez jamais.
Wow, c’est super, j’aimerais tellement faire le tour du monde moi aussi pour chasser toutes ces bêtes! Depuis le temps que tu chasses, qu’est-ce que tu n’as pas encore chassé comme gibier?
Humm, très bonne question. Je crois que j’aimerais bien me chasser un ours polaire et un tigre du Bengale. Pour l’ours polaire, je crois que je vais le réaliser dans les années futures, car c’est quelque chose de réalisable, pour le tigre du Bengale, c’est un peu plus difficile, car de plus en plus son environnement est menacé. Ils se rapprochent des villages et des bidons villes pour chasser les hommes et c’est très difficile de les attraper. Ils peuvent vivre dans une petite lisière de bois isolé sans qu’on ne puisse suivre aucune de ses traces. C’est un animal magnifique, que j’aimerais naturaliser en entier assurément.
Sinon, c’est certain que j’aimerais refaire une chasse au « Marco Polo Ram », c’était à couper le souffle! Quelle chasse!
En terminant, c’est une question un peu plus ouverte sur le monde de la chasse et de la pêche. Comment vois-tu l’avenir pour le domaine de la chasse et de la pêche avec tous les gens qui mettent des choses gratuites sur le net, le phénomène Youtube et Facebook?
Je crois que c’est l’évolution, avec les ordinateurs tout est plus facile et plus accessible. C’est vrai que de plus en plus de gens filment leur chasse et mettent ça sur le Web et c’est bien correct. Je ne crois pas que l’industrie de la production de film de chasse et de pêche est en péril à cause de Facebook ou de Youtube. Nous avons des ententes de béton à long terme avec les compagnies de broadcaste et nous avons des standards très élevés de qualité. C’est ça qui change toute la game. Est-ce que j’ai bien répondu à ta question?
Oui, mais je veux savoir qu’est-ce que tu penses du net et de l’absence de règle, des gens qui copies les autres et qui mettent tout gratuit. Penses-tu que ça peut nuire à l’industrie à long terme?
Je ne crois pas, parce que tout le monde doit suivre la tendance, même s’il y a des gens qui copient ce qu’on fait ou qui utilise ce qu’on fait et le mettent gratuit sur Internet, de toute manière nous sommes aussi sur le Net. Tous les pros du domaine utilisent Internet pour faire de la publicité et envoyer des « traillers » de nos prochains épisodes. Nous avons tous notre Facebook, canal Youtube, Twitter et, etc. Je sais qu’il y a des gens qui copient, mais c’est la réalité et on ne peut rien y faire, la seule chose qu’on peut faire c’est de produire de la qualité et je crois que les originaux vont toujours être gagnants. Voyons ce que l’avenir nous réserve!
Un gros merci Colorado Buck d’avoir répondu à mes questions et j’espère pouvoir participer à nouveau à un de tes prochains tournages, ce fut très enrichissant. Quelles sont tes prochaines aventures après ton passage au Québec?
Ça m’a fait plaisir Mat de te parler, continue de travailler fort dans votre projet de Chassomaniak.com et nous allons sûrement nous revoir si je repasse dans le coin. Merci à Armando de m’avoir fait découvrir une belle chasse à l’outarde et aux canards. Mes prochains voyages sont dans l’Utah et le Colorado pour rechercher de gros spécimens de Cerf mulet. Merci et bonne chasse à tous!
Merci beaucoup à Colorado Buck, ce fut très enrichissant. Pour ceux qui désirent plus d’information, vous pouvez consulter son site Internet au www.heycoloradobuck.com